La politique autrement ? Mais pas mieux !

Publié le par Philippe Chanlot

Un illustre confrère m’a fait remarquer que le premier billet qu’il avait lu lui paraissait trop long. J’en ai tenu compte… sauf cette fois où je vais avoir du mal à être bref. Mais, vu le sujet (déclaré événement du jour, de la semaine ? du mois ? de l’année ? je vais franchement avoir du mal. Parce que j’ai compris une chose : que le fameux "débat" qui a opposé Victorin Lurel à Albert Dorville a suscité plus d’intérêt que les discours et les enjeux de l’élection.

 

Quelque chose comme 5h45, en tous les cas avant que le réveil (mon portable en fait) ne sonne. Mais il a sonné –le portable- et ce n’était pas le réveil. Encore dans la brume du réveil, j’ai quand même compris ce que ma femme m’a dit en me tendant le téléphone : « C’est Warren Chingan ». Tiens, Warren ! A cette heure-ci. Il a dû se passer quelque chose d’assez proche d’un cataclysme mondial. Ou presque.

Warren : « Allo, Philippe, c’est Warren. Il paraît que ça été plutôt chaud hier, l’enregistrement avec Lurel et Dorville ».

Moi : « Ouais, c’est vrai, mais comment tu le sais déjà ? »

Warren : « Mon vieux, c’est sur le net et France-Antilles en parle dans l’édition de ce matin ».

Moi : « C’est pas vrai, oh là là ! Mais comment ça se peut ? »

Bon après, Warren m’a proposé d’intervenir en direct dans son 7heures, et pour « m’encourager », ou pour me « couillonner » (oups, passez-moi l’expression), il a fait valoir que de toute manière, ça ferait à La Une un petit coup de pub. Ah ben, si c’est pour La Une pas de problème.

Je suis arrivé à La Une aux environ de 8h30. On s’est empressé de me montrer le clip avec la fameuse et désormais célèbre scène. Plus de 240 personnes l’avaient déjà visionné. Hier soir, j’ai vérifié avant de me coucher, c’était plus de 6300. Ce jeudi matin, on m’a dit que c’était près de 7000. En 24 heures, plus de deux fois plus de visites en quatre mois que le clip, sur le même site, où l’on voit Ségolène se tromper sur le nombre de porte engins nucléaires. Donc l’événement ! Comme en attestent les dizaines et dizaines d’appels reçus hier à La Une, de gens qui n’avaient qu’une préoccupation : savoir l’heure à laquelle on diffusait la fameuse émission.

Que s’est-il vraiment passé mardi soir à La Une Guadeloupe ?

D’abord, quelques précisions : J’appelle rarement Victorin Lurel sur son portable. Je laisse ce privilège à ses intimes. Quand je veux contacter le président du conseil régional, j’appelle sa direction de la communication, ou le directeur ou sa collaboratrice. Quand je veux avoir à faire au député de la 4ème circonscription, je contacte son assistant parlementaire. Dans le cadre de cette campagne des élections législatives, c’est donc vers ce dernier que je me suis tourné pour organiser la rencontre en Lurel et Dorville. Mais un peu plus d’une heure avant cette fameuse rencontre, je reçois un coup de fil de… son directeur de la communication au conseil régional. Qui me demande de lui indiquer le programme. Je lui explique qu’il s’agit d’un débat à l’américaine, c’est-à-dire sans choc frontal entre les deux candidats, mais avec le journaliste comme interviewer et non modérateur. « Ah ben, non, ce n’est pas ce qui était prévu, je ne crois pas que le président va accepter cela », me répond-on. « Mais comment cela, c’est exactement ce que j’ai expliqué à B. (l’assistant parlementaire). Il ne voulait pas d’un débat, alors je l’ai rassuré en lui précisant que c’était un débat mais à l’américaine. Maintenant, tu me dis que ce n’est pas ce qui était prévu. C’est ce que j’ai expliqué à tous les autres candidats, ils l’on tous compris ». Il m’a proposé de me rappeler, ce n’est pas lui qui l’a fait mais l’assistant parlementaire qui a voulu manifester sa surprise. Même blablabla sur le débat à l’américaine. « Je te rappelle mais je pense que le président ne va pas accepter ».

Tant pis si le président n’acceptait pas, c’est le député que je voulais avoir sur le plateau, face à son concurrent, comme on l’avait prévu pour les finalistes des trois autres circonscriptions. Aussi ai-je été satisfait de savoir que finalement, il viendrait, mais à 16 heures et non à 15h30 comme fixé. Dorville était d’accord pour patienter. Il a patienté, sceptique sur la venue effective de son adversaire. Il a eu tort, Lurel est arrivé… à 16h15. Soit avec 15 minutes de plus que le retard annoncé, et comme n’a cessé de le dire Dorville, avec 45mn sur l’heure initialement arrêtée. Mais la production avait pris du retard, de sorte que lorsque le député sortant est entré à La Une, il n’était effectivement pas en retard… sur le plateau d’enregistrement. Ça y est, vous suivez ?

Victorin Lurel était visiblement irrité, Albert Dorville paraissait plutôt enjoué. L’enregistrement pouvait commencer. C’est peut-être à ce moment-là que j’aurais dû rappeler la formule du débat à l’américaine. Le mal n’était pas fait, il allait commencer à se faire. Silence plateau, on tourne. J’embraye, je souhaite le bonsoir aux candidats, leur demande de s’exprimer sur le premier tour. M. Lurel commence, remercie ses électeurs… C’est au tour de M. Dorville d’en faire autant, mais pas seulement. Il lance une pique contre son concurrent « arrivé avec 45mn de retard », ce qui serait une preuve de manque de sérieux et de considération. Le principal concerné ne le prend pas (comme on dit ici en Guadeloupe), il réfute en bloc l’accusation, ça y est biten-la pété. Il s’ensuit une suite de répliques nerveuses entre les deux hommes… et je décide de couper l’enregistrement. Comprenez, je savais que c’était parti pour deux heures. Il n’y avait qu’un peu moins de 25mn, donc trop peu, pour aborder l’ensemble des questions censées recueillir l’attention des candidats. M. Lurel ne veut pas arrêter l’enregistrement, il veut s’expliquer devant la Guadeloupe ; je cherche à ramener le calme sur le plateau, rien n’y fait : « Oui Toto, tu étais en retard, admet que tu étais en retard… » ; « Non Albert, je n’étais pas en retard et puis de toute façon, quand je suis arrivé Carabin et Moutoussamy n’avaient même pas terminé, alors quelle importance, en plus c’est enregistré, ce n’est pas en direct ». « Mais tu étais quand même en retard, Toto ». Je fais arrêter l’enregistrement, Toto refuse, trop tard, c’est fait, je tente de couper la poire en deux, histoire de permettre aux deux hommes de sauver la face. Pour ramener le silence, j’indique que l’on va reprendre l’enregistrement, j’invite à tout faire pour que l’échange soit courtois.

Enregistrement terminé, Toto lance une salve contre Albert. Touché, (pas coulé), Dorville riposte avec force. Et biten-la pati kon sa. Les deux candidats s’expriment comme l’on ne fait pas… non, je reprends. Les deux candidats s’expriment comme l’on n’est pas censé le faire à l’assemblée nationale. Ça se passe sur le plateau, ça continue dans les couloirs, ça perdure dans le parking, mais de manière un peu moins démonstrative. Vous comprenez, dehors, la Guadeloupe regarde. L’assistant parlementaire de Lurel me dit qu’il savait qu’il ne fallait pas faire cette rencontre. Mais elle a eu lieu, et plus de 7000 internautes ont vu ce qu’ils n’auraient jamais dû voir : les coulisses d’une émission qui s’est déroulée pas comme les autres, mais qui ont été filmées à notre insu. Le portablo-cameraman, à coup sûr quelqu’un de l’équipe du député sortant, en a voulu faire une arme électorale. Le fait que seul Albert Dorville soit filmé en est, entre autres, bien la preuve. Comme l’indique le titre même du fameux clip, c’est la politique autrement. Autrement, peut-être être, mais pas mieux, certainement. Allez, au moins vous, soyez sages !

 

Ps : Je prie mon confrère qui se reconnaîtra, de m’excuser d’avoir été si long. Mais si ça se trouve, il ne lira pas mes excuses, puisqu’il aura été découragé d’arriver au terme de ce billet. De ce long billet. Désolé, je n’ai pas trouvé le frein à doigts (qui tapent).

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C
Salut Phillipe c'est Carmelo le pizzaiolo! Toute la lorraine te passe le bonjour. Michel Etorre aussi te salue bien bas
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C
bonjour, etes vous philippe chanlot, l'ancien joueur de football du fcmetz notamment ? merci de me répondre sur mon adresse mél cornemuse57000@hotmail.com<br /> a bientot<br /> christophe
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